Handicap et sexualité


La personne en situation de handicap a les mêmes droits que tout un chacun, au partage, à l’amour, à la tendresse, à la vie de couple, à la sensualité, à l’érotique et à une sexualité de quelque genre qu’elle soit (Bi, Homo ou hétéro) et au libertinage si elle le désire.


La sexualité des personnes en situation de handicap révèle des difficultés tant d’accès au plaisir ou à la procréation que par la présence de troubles physiologiques (urines, selles, fatigabilité, douleurs chroniques ou contextuelles…) ou de troubles anatomiques (taille du pénis, périnée abîmé ou détruit, « épines irritatives »…). Ces difficultés vont obliger ces personnes à s’adapter en terme de postures, thérapies sexuelles, complémentations voire utilisation de prothèses. Mais c’est surtout l’image de soi qui est blessée et peut freiner l’accès à une intimité épanouie.

Souvent prise en charge en institution, la personne en situation de handicap aura contre elle (rarement à ses côtés) sur le sujet de la vie intime et amoureuse, les équipes professionnelles qui ont naturellement du mal à avoir tant les moyens humains, les moyens matériels (bâtiments adaptés, règlements intérieurs en respect de la Loi...) que juridiques (gestion d'associations de famille ou par des collectivités ou milieux hospitaliers soucieux plus de gestion financière serrée que de l'épanouissement des résidents) ou intrapersonnelles (représentations et vie personnelle projetée sur l'autre).

De ce fait, la question est posée depuis plusieurs années dans certains pays européens du besoin d'assistants à la vie intime et amoureuse autrement nommés assistants sexuels. Si quelques pays ont ouvert la voie de cet accompagnement ou d'une certaines tolérance (Pratiquée légalement par des femmes et des hommes dans quelques États américains - légale depuis 2003 -  et australiens, ainsi qu'en Suisse, au Danemark, en Allemagne, en Autriche, en Israël, en Angleterre et aux Pays-Bas - en Europe elle se développe depuis les années 80 à partir des Pays Bas, premier état à avoir légalisé la pratique), mais ce n'est pas le cas chez nous.

Sur le plan légal, l'assistance sexuelle est en France assimilée à la prostitution. Un membre du personnel, médical ou éducatif, qui organiserait une rencontre sexuelle pour un résident en institution ou un patient à domicile risquerait d'être accusé de proxénétisme. Un véritable engagement en faveur de l'accompagnement sexuel a cependant émergé à partir de 2007, année de l'organisation du colloque « Dépendance physique : intimité et sexualité », suivi en novembre 2010 d'un colloque sur « Handicap et sexualité ». Un député a été missionné pour réfléchir à "l'évolution des mentalités et le changement du regard de la société sur les personnes handicapées", son projet de loi pour légaliser les assistants sexuels a été refusé. De nombreuses associations ont continué à travailler sur le sujet. La ministre de la Solidarité et de la Cohésion sociale s'est déclarée le 6 janvier 2010 « rigoureusement opposée » au recours à des assistants sexuels pour les personnes en situation de handicap.

Certains courants estiment qu'« il est illusoire et criminel de penser que l'on pourra contrôler et empêcher de très graves violences sexuelles si l’on autorise une assistance sexuelle aux personnes handicapées».

Les concepteurs d’une assistance sexuelle structurée opposent l’expérience suisse initiée depuis 10 ans par Ahia Zemp, psychothérapeute et féministe. Cette dernière, elle-même en situation de handicap, fut la créatrice de « l’Institut Handicap et sexualité-contre la violence sexualisée » qui luttait contre les violences faites aux femmes handicapées tout en formant des assistants et assistants sexuels : ces deux activités étant complémentaires à ses yeux.
En 2012, ont été formés les premiers assistants sexuels français (en Suisse) qui exercent en milieu associatif en France sans contre-partie financière (ce qui ne peut donc être apparenté à une forme de prostitution).

Cette même année, plusieurs associations françaises (dont l'APF) et suisses ont créée l'association CH(O)SE pour travailler sur le sujet. Fin 2013 Marcel NUSS et un groupe de professionnels créent l'APPAS afin de développer la formation en France. Parce que si le handicap physique permet de connaître le choix de la personne, ses besoins et ses désirs, le handicap psychologique ou mental n'autorise pas facilement la compréhension du choix "éclairé" de la personne quant à son consentement. Toute la difficulté reste entière pour les professionnels et les familles qui accompagnent la personne en situation de handicap mental qui sent dans son corps la pulsion de vie, l'exprime d'une manière ou d'une autre (suivant son niveau de développement psychosexuel) jusque dans la violence parfois, mais ne peut en exprimer quoi que ce soit de l'ordre du consentement. Ce qui revient à avoir besoin d'une réflexion réelle et de moyens humains autour de ce sujet par les professionnels et pas par le légiste ou quelques associations autistes sur le thème du plaisir de vivre.

" Laisse-moi te toucher avec mes mots
Puisque mes mains restent étendues là
Comme une paire de gants vides

Laisse mes mots caresser tes cheveux,
glisser le long de ton dos, effleurer ton ventre
puisque mes mains, légères et aériennes
comme des pierres, ignorent mes voeux
et refusent obstinément de réaliser
mes désirs les plus silencieux

Laisse mes mots pénétrer ton esprit et l"éclairer
Accueille les volontiers de tout ton être,
qu'ils puissent caresser doucement ton âme "
                        

Poème de Mark O'Brien  (États-Unis) 
Journaliste Poète écrivain dont une tranche de vie avec une assistante sexuelle a inspiré le film The Session



Mars 2015 un jugement qui fera sûrement jurisprudence autorise l'Appas à poursuivre ses formations d'assistants sexuels. Commentaire de Marcel NUSS:

MESSAGE DE MARCEL NUSS, PRESIDENT DE L'ASSOCIATION, SUITE AUX EVENEMENTS DE CES DERNIERS JOURS CONCERNANT LA FORMATION A L'ACCOMPAGNEMENT A LA VIE AFFECTIVE ET SEXUELLE DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP, DONNEE PAR L'APPAS MI MARS

L'APPAS a gagné la première manche dans notre engagement pour la reconnaissance de l'accompagnement à la vie affective, intime et sexuelle des personnes en situation de handicap, notamment celles en situation de dépendance vitale. Cette victoire juridique n'est qu'une première marche, n'en doutons pas, il y en aura bien d'autres à franchir avant d'arriver au but. Et l'accompagnement sexuel est l'arbre qui cache la forêt, c'est ce qui attire le plus les médias, et c'est compréhensible. Mais l'APPAS ne se résume pas, heureusement, à l'accompagnement sexuel. Nous souhaitons mettre en place des programmes éducatifs, d'information et de sensibilisation, en direction des professionnels du médico-social, des personnes « handicapées » et de leurs proches, particulièrement de leurs parents, mais aussi organiser des groupes de paroles, des formations dédiées aux professionnels du médico-social, des professionnels démunis et en demande d'information, de conseils et d'accompagnements, ainsi que de mettre en place des partenariats avec des associations européennes. Cependant, de tels projets représentent du temps, de l'énergie, de la disponibilité, des compétences et un coût très important, d'autant que cela nécessite urgemment d'embaucher car il est impossible de continuer à assumer de telles tâches bénévolement, en plus des activités professionnelles très prenantes de chacun des membres du conseil d'administration de l'APPAS. Nous allons donc faire des appels à des donateurs et à des sponsors prêts à soutenir notre cause en faveur de plus d'humanité et de respect des libertés individuelles, au-delà du simple accompagnement sexuel. De plus, nous voulons porter le débat sur la place publique, un véritable débat en dehors de toute idéologie et de dogmatisme. À l'APPAS, nous disons ce que nous faisons et nous faisons ce que nous disons.
Quoi qu'il en soit, l'APPAS ne sera rien qu'une comète de plus, dans le milieu associatif, sans vous qui nous soutenez, aussi juste que soit la cause que nous défendons.

Marcel Nuss, Président de l'APPAS

 

" Parfois, un bon orgasme vaut mieux que trois séances chez l’ergothérapeute ! "

Rachel Wotton Assistante sexuelle Nouvelle Galles du Sud, en Australie, qui fait partie des rares états dans le monde, à avoir dépénalisé la prostitution et l’assistance sexuelle depuis 2010

Pour aller plus loin dans la réflexion, voir le lien avec l'APPAS en page d'accueil sur le sujet.


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