Les illusions de la psychogénéalogie

 

En mars 2022, Nicolas Gaillard a publié un livre intitulé "Les illusions de la psychogénéalogie" aux éditions Mardaga avec pour intention de mettre en garde ses lecteurs « sur les aspects contestables voire dangereux de la psychogénéalogie au travers d’une véritable enquête d’autodéfense intellectuelle. ». Au travers de cet article, j'ai souhaité modérer et commenter les propos de l’auteur que j'estime (trop) ironiques et destructeurs.

A la lecture de l’ouvrage de Nicolas Gaillard intitulé « Les illusions de la psychogénéalogie » qui a été édité chez Mardaga en 2022, la charge est posée dès l’introduction. Nicolas Gaillard tient le même discours depuis une dizaine d’année sur ce sujet. Le livre sera non seulement critique mais surtout « destructeur » et l’objet de son feu ironique n’est pas que le courant psychogénéalogique mais l’ensemble de la pensée transgénérationnelle. Dommage! Mais belle opportunité qui nous permet de clarifier le différentiel théorico-pratique existant entre ceux qui se réclament de la psychogénéalogie en faisant du lien entre des situations actuelles et des évènements familiaux passés et ceux qui exercent comme analystes ou psychanalystes transgénérationnels en traitant des dynamiques et transmissions transgénérationnelles sous l’angle de l’inconscient personnel et familial.

L’aspect acceptable du projet (quand même) est qu’il s’effectue au nom de la science et du respect de la souffrance humaine afin qu’elle ne se perde pas sur des chemins de traverse sans finalité. Le filtre de la critique rationaliste et zététique aidant, et j’aime sincèrement le travail d’Henri Broch (développeur de la ZETETIQUE, « l’art du doute »), la psychogénéalogie est ramenée dans ses langes et priée d’être humble d’autant que la créatrice, Anne Ancelin Schutzenberger n’est plus là depuis quatre ans.

Je suis d’accord avec cela parce que les discours, livres, vidéos et articles à connotation (ultra)déterministes donnent une représentation erronée du sujet. Par exemple, cet article sur un site d’information et d’échange destiné à tous les futurs parents et parents de la naissance jusqu’à 11 ans introduit l’idée de « conditionnement ». On trouve également des thérapeutes qui proposent une approche « holistique » déterminisme en association avec le dangereux décodage biologique ou autre fourre-tout new-âge ainsi que des élans cliniques promettant le soin « magique » de pathologies souvent lourdes ne servent pas le domaine transgénérationnel comme cet exemple d’article prétendant soigner un cancer ou autre pathologie lourde ou le magazine « Psychologie » qui reprend l’exemple de « François, le syndrome de Raynaud et l’aïeul décapité à la révolution, soigné par la psychogénéalogie » … Aïe Aïe mes Aïeux

Certes, la quasi première moitié du livre nous ramène aux racines de la psychogénéalogie et détaille ses bases conceptuelles autant que ses outils mais l’auteur devient dogmatique à vouloir trop en faire et mélange à l’envie. L'auteur donne notemment à la psychogénéalogie des racines théoriques qu’elle n’a pas ou range arbitrairement certains sujets pour amplifier l’idée: psychanalyse transgénérationnelle, constellation familiale, métagénéalogie, décodage biologique, méthode Simonton, parapsychologie sont rangés tous ensemble sous le vocable de « périphérie douteuse » voir « new-âgeuse ». Ces dernières « familles thérapeutiques » ne travaillent pas sous le même ciel symbolique, n’ont pas les mêmes racines théoriques, ne se réclament pas du même projet psychothérapeutique et n’ont donc pas les mêmes pratiques. L'auteur étire sa critique, justifiée au regard de certains sites de praticiens, sur quelques postulats irrationnels et non systématiquement prouvables, malgré ce qu’il laisse croire, tel que l’agrégation à nos pratiques de Programmation Neuro Linguistique (PNL), d’Analyse Transactionnelle (AT), de Rebirth et autres psychothérapies ou une certaine psychogénéalogie chrétienne (?) parlant de secte et de la MIVILUDE oubliant un temps que certaines approches et théories naissent dans un contexte historique et culturel proches, que les chercheurs font ainsi avec les connaissances de leur époque (pourtant je sais qu’il est « sachant » de cela) et avec le poids de leurs « fantômes » (dont les impensés), l’artifice lui permet de jeter l’opprobre sur l’ensemble de la recherche en brouillant la carte du territoire dans son ensemble.

Il fait ensuite un focus sur le génosociogramme en montrant l’impertinence à trouver ou expliquer, interpréter ceci et cela à sept ou dix générations…Admettons. Pierre Ramaut souligne d'ailleurs qu' « une interprétation en psychanalyse transgénérationnelle est toujours une hypothèse et non une affirmation. L’attente de l’analysant est qu’un adulte tutélaire, en l’occurrence le praticien, vienne nommer son impensé généalogique. Si cette hypothèse s’avère inadéquate, elle tombera à l’eau pour le peu que le praticien ait bien spécifié le statut d’hypothèse de son interprétation et non de vérité absolue. Cela nous ramène aussi au sentiment de toute puissance thérapeutique des praticiens insuffisamment analysés. » Nicolas Gaillard met en garde contre l’émergence de faux souvenirs induit par le thérapeute. (Voir Elisabeth Loftus même si on a beaucoup avancé en psychotrauma et en neuropsy ces vingt dernières années). Le livre d’E. Loftus étant une compilation d’exemples cliniques triés pour assoir son discours, il a donc peu d’intérêt aujourd’hui même si, à sa sortie et dans le contexte étasunien judiciarisé à outrance, cela pouvait avoir du sens. Il suspecte un raisonnement à rebours systématique (qui néglige le hasard et la précision de l’évènementiel), s’arrête sur ledit « syndrome d’anniversaire » ou « du gisant » montrant mathématiquement, statistiquement, les probabilités de … rien car on ne travaille pas de la façon qui est racontée dans ce livre. Nous ne faisons pas ni tout ça ni comme cela (enfin pour les analystes transgénérationnels), et oui au « rasoir d’Ockham » : le transgénérationnel n’est convoqué que lorsqu’aucune possibilité d’explication (de facteur objectif) n’est présente dans les cycles de vie du sujet: l’ICV (Intégration des Cycles de Vie) est une approche complémentaire très pertinente.

Si certains psychopraticiens en psychogénéalogie peuvent faire des interprétations (traduction de signes, messages, ressentis, génosociogrammes) malheureuses, parfois non discutables, qui donnent un chemin contraint au patient, l’analyste transgénérationnel, lui, émet une hypothèse qui est une proposition sans prise de position quant à la véracité de l’analyse, laissant au patient une question toujours discutable et la liberté de sa propre interprétation. Cela renvoie toujours aux formations des thérapeutes et à leur propre parcours analytique en transgénérationnel. Alors, oui, une partie de la littérature parlant de la psychogénéalogie et quelque fois du transgénérationnel (j’en ai lu de nombreux) laisse croire à la magie de la « chose », montre des méthodes et « rituels » surprenants ou peu abordés (ni abondés) par la pensée scientifique. Dommage encore.

La conclusion du livre pose la psychogénéalogie et ses sœurs et frères (ou lointains cousins voire les « coucous ») du territoire transgénérationnel (généralisation induite) comme de dangereux coupables de pseudoscience, d’ésotérisme et de forges à faux souvenirs. Il montre ici un biais idéologique (on trouve ce qu’on cherche en forçant le trait) là où il cherche à démontrer ces mêmes genres de biais (chez nous) au fil du livre. Le souci d’ailleurs de la pensée un zeste trop scientiste est qu’elle glisse dans des biais cognitifs rapidement au nom de la pensée scientifique. Dans ce livre, on va trouver: de l’effet de cadrage, de la généralisation, de l’illusion de corrélation, des biaise de confirmation, d’autorité, de croyance, d’attribution et l’effet cigogne qu’il reproche tant aux psychogénéalogistes.

Un premier point (je sais que c’est un des biais critique identifié car « en défense ») est de redire que tout ce qui se réclame du transgénérationnel ou de la psychogénéalogie (individus, thérapeutes, courants de pensée ou écoles) n’en est pas forcément puisque aucun cadre officiel ou titre reconnu ne posent les limites de l’exercice comme du discours. Le « blabla » des écoles et de leurs certifications non officielles ne prouvant absolument rien du sérieux ni du contenu de la formation ni de la personne en exercice: le clou est enfoncé. Plusieurs écoles de psychogénéalogie proposent des formations conséquentes. Citons, par exemple, les deux écoles en analyse transgénérationnelle qui font référence actuellement: Le Jardin d’idées et Généapsy. Ailleurs, la psychogénéalogie va être un des modules d’un enseignement de « thérapeute - x » ou être un « bref » apprentissage. On trouve le même souci avec la sexologie, les sexothérapies et sexoanalyses.

Ensuite, dire que l’arbre transgénérationnel de cette famille touffue et de son territoire de pensée montre bien l’existence de courants divers bien distincts et donc de pratiques très différentes voire de cousinages opportunistes qui ne sont que des greffons indigents, des « pièces rapportés » comme on le dit dans certaines familles. Le plus pénible, un « coucou », faux et fou étant le « décodage biologique » de Claude Sabbah piqué sur la « nouvelle médecine » de Rick Geerd Hamer (1980). Moins délirant, poétique, mais à côté est la « Métagénéalogie » d’Alejandro Jodorowsky qui a le mérite d’aborder symboliquement l’arbre transgénérationnel en ressources (système racinaire) et en pesanteurs (partie aérienne). A côté encore sont les « constellations familiales » de Bert Hellinger développées à partir de la Systémie… et tous les « branchés » du développement personnel, de psychologie positive (très culpabilisante pour le patient qui n’y arrive pas…), du coaching de vie, de l’énergétique frelaté, de la communication facilitée avec la psychophanie (la psychophanie, c’est entrer en communication avec soi, en contact avec sa mémoire profonde ou son inconscient familial; ce n’est ni du spiritisme ni du « channel » ou une communication médiumnique) de celle avec l’« arrière-monde », de la spiritualité avec les relents new-âge des années 90 quand ce n'est pas une référence délirante et inculte à la physique quantique (en associant quantique, décodage biologique et psychogénéalogie ou bien celui-là avec du [« transfert quantique »] (https://transfert-quantique.com/formation-praticien-en-transfert-quantique/) ou à une « psychologie » quantique (thérapie quantique).

Tant que cela est ludique entre gens qui vont bien et veulent aller mieux, ça ne me pose pas de problème: chacun joue avec ses jouets conceptuels, ses croyances et ses fantasmes. Ce qui est navrant et alertant c’est, j’en conviens et je rejoins Nicolas Gaillard ici, quand le délire prend en charge des personnes en réelles souffrances psychologique, physiologique ou physique. On ne soigne pas un cancer avec un génogramme!

J’ai moi-même créé un néologisme en associant les deux territoires sur lesquels j’interviens, le transgénérationnel et la sexologie avec la « sexoanalyse transgénérationnelle ». Et après ? Est-ce une amorce de nouvelle science ? Bah non ! C’est associer deux champs de recherche, de questionnement permanent et de pratique clinique. Pierre Ramaut a fait de même avec Commemoria en associant le transgénérationnel et le multimédia car il est utile en sexo comme en thérapie de couple que les personnes identifient d’où elles émergent et pour les couples, ce qu’elles vont partager ou opposer.

Anne Ancelin-Schützenberger, en son temps, a parlé de nouvelle science avec la psychogénéalogie. Bien venue hier (dans la pensée de l’époque), erreur aujourd’hui (avec ce qu’on attend de la pensée scientifique en 2022). Ensuite, comme avec la psychanalyse, la psychogénéalogie tend le dos et donne la verge en ne se prêtant pas à l’enquête scientifique, à l’étude, à la validation des outils, des pratiques et des résultats et c’est bien triste. Si, pour Maureen Boigen, la psychogénéalogie n’a justement pas besoin de validité scientifique car « tout ce qui touche au psychique ne peut pas être scientifique. On ne cherche pas de reconnaissance de la part de la science », pour moi elle a besoin !

Nicolas Gaillard a raison de dire que toute la littérature (qu’il a trouvé, Josephine Rohrs Hilgard incluse, avec ses « réactions d’anniversaire » qui n’expliquent rien ni ne justifient de laborieuses recherches et interprétations trop « faciles ») sur le sujet raconte, disserte, abonde en exemples, en histoires de vie, en thérapies réussies et arbres de vie mais ne s’appuie sur aucune étude scientifique ni production au sein des revues scientifiques, on reste dans un entre-soi confortable. Je trouve cela encore une fois dommage et ce n’est pas parce que nous sommes dans le champ des sciences humaines et de la « psy » ou autre thérapie que cela ne doit pas être étudiable. Il y a deux angles que l’auteur n’a pas fouillés: la production (récente) des recherches et études sur les transmissions transgénérationnelles (plusieurs dizaines d’entrées dans les revues scientifiques francophones) et l’état de la nouvelle science épigénétique qui commence à en dire long sur lesdites transmissions jusqu’à trois voire quatre générations dans le cadre de traumatismes. (Etayage ou voie complémentaire de la théorie de Didier Dumas sur la transmission des fantômes.

J’ai moi-même planché en milieu universitaire (et je ne suis pas le seul) sur les transmissions transgénérationnelles comme facteur aggravant des violences sexuelles intrafamiliales. Je peux donc dire à Nicolas qu'on y bosse mais il faut vérifier si ce qu’on travaille en cabinet a du sens. Il y a donc un manque certain de travaux sur les transmissions intergénérationnelles (horizontales) et transgénérationnelles (verticales) qui ont justement (dans le médico-social tout particulièrement, univers que Nicolas Gaillard semble connaître) un impact puissant dans la fréquence de répétitions et dans l’aggravation des vulnérabilités intrafamiliales, les familles dysfonctionnelles particulièrement et pour cause.

Je vous propose dès lors un petit rappel (non exhaustif et réalisé sur base de cet article) pour restituer les familles œuvrant dans un territoire transgénérationnel formalisé (car on peut toujours spéculer sur des sources plus anciennes): psychanalyse et (psych)analyse transgénérationnelle, analyse systémique et thérapie familiale, psychogénéalogie. Fin du XIXe siècle, Sigmund Freud esquisse le principe de transmission entre inconscients. Après lui, dans les trois premières décennies du XXe, Carl Gustav Jung qui postule quatre à cinq inconscients dont le familial et Sandor Ferenczi, qui analyse la dynamique du trauma, des conflits non résolus, non surmontés dans les systèmes familiaux vont alimenter la pensée de [Françoise Dolto](/dictionnaire/Dolto qui postule trois générations à convoquer pour comprendre ce qui se passe à la quatrième, de Nicolas Abraham et Maria Torok qui sont les concepteurs de la crypte en soi et du « fantôme » dans les années 70 et puis de Didier Dumas générant l’approche de la psychanalyse transgénérationnelle, dans les années 80, qui consiste à accompagner, analyser l’histoire du sujet dans la globalité de l’histoire de ses lignées sur trois à quatre générations et d’identifier les ressources et vulnérabilité autant que les cheminements des flux traumatiques. Ce courant se scinde en deux: les psychanalystes transgénérationnels et les analystes transgénérationnels veulent s’écarter de la psychanalyse traditionnelle entachée de quelques mensonges du siècle dernier (œdipe, castration, sexualité infantile, fantasme de l’enfant, traumatisme incestueux de l’enfant Freud, ésotérisme lacanien) en précisant que l’« ange » de Didier Dumas qui fait face au fantôme familial n’a rien à faire avec la religiosité ou une « spiritualité » ésotérique. Quant au positionnement autour de l’autisme, je laisse le soin à mes pairs concernés d’ouvrir ce débat qui est trop compliqué pour moi. Dans les années 60, Grégory Bateson, Jacob Levy Moréno, l’institut Palo-Alto et le MRI développe l’approche systémique et la thérapie familiale dont l’outil principal est le génogramme de la famille nucléaire anglosaxonne (aussi les sociogramme, psychodrame et hypnose ericksonienne). Anne Ancelin-Schützenberger s’est abreuvée, nourrie de ces deux approches (systémie et psychanalyse) pour créer la psychogénéalogie dans les années 70 et développer le génosociogramme, outil plus ambitieux et complexe que le génogramme. Avec le temps et d’autres postulats, ces approches ou courants (ce ne sont pas des sciences) se sont bien évidemment appropriés les travaux de Yvan Boszormenyi-Naguy avec les loyautés ou dettes familiales, de Serge Lebovici avec les mandats transgénérationnels, de Serge Tisseron avec les secrets de famille, de Claude Nachin avec la pathologie du deuil, d'Alberto Eigueur avec l’objet transgénérationnel, de Vincent de Gaulejac avec les névroses de classe. L’ethnopsychiatrie (Georges Devereux – Tobie Nathan), l’anthropologie, la sociologie des structures familiales (Emmanuel Todd) et l’éthologie humaine amènent d’autres représentations, d’autres cultures dans l’histoire où l’on voit le chamanisme et la médecine chinoise venir participer aux « soins » transgénérationnels parce que cela a du sens dans leur corpus respectifs tout comme d’autres outils plus éprouvés des TCC comme l’hypnose ou l’EMDR viennent nous aider à traiter la représentation présente (et les croyances) que le sujet a, des transmissions subies et de l’expression qu’il en fait dans son vécu parce qu’il s’agit de comprendre la circulation ou le blocage de l’information dans les dynamiques familiales, qui s’expriment (flux traumatiques) dans des répétitions de troubles « similaires », pas de chercher et pointer du doigt une causalité et laisser le sujet avec son paquet cadeau.

J’aime bien dire qu'on se fiche de l’aïeul(le) et son trauma étant donné qu’il n’est plus là depuis quelques années ou dizaines d’années mais que l’écho du traumatisme est répété surtout quand rien n’est dit. Il participe ainsi à la construction de l’être, à son chaos intérieur qu’une analyse transgénérationnelle peut aider à clarifier, réunifier. Jung nommait cela l’individuation. Les anciens ont souvent bon dos quand ils sont figés dans leur malheur alors qu’ils sont aussi des ressources dynamiques pour construire l’avenir (qui n’existe pas encore). Enfin, cette science très récente qu’est l’épigénétique nous éclaire sur les transmissions transgénérationnelles cette fois « biologiques ». L’information traumatique (environnementale, psychologique, physique) est transmise sous forme de facteurs ou marqueurs qui activent ou répriment des gènes ou groupes de gènes. Tous les mécanismes de transmission ne sont pas encore connus mais la grande question est pourquoi certaines séquences d’information sont réfractaires à l’effacement ou à la reprogrammation ? Il ne faut pas prendre le terme effacement au sens de disparition car rien ne disparaît mais plutôt dans le sens de changement d’état, d’expression, au point de perdre la trace de l’expression originelle. Jusqu’à combien de génération l’information est-elle dupliquée sachant que suivant les modèles actuels, il est observé trois à quatre générations chez les mammifères ? Le point important étant l’idée de réversibilité et donc de non-déterminisme. En effet, accepter, intégrer et ranger l’information reçue transgénérationnellement initialement vulnérabilisante ou traumatogène redonne du souffle et de la liberté. On pourrait en effet imaginer qu’être le dépositaire du mandat transgénérationnel est un déterminisme épouvantable alors que plus le mandataire va accepter son mandat et plus il va nourrir son processus d'individuation.

En conclusion, je crois que la critique apportée par ce livre n’est pas sans fondement et que nombreux sont mes pairs qui ont manqué ou manquent encore de prudence et de discernement dans leurs discours et leurs écrits. L’emballement est fréquent en découvrant un nouveau territoire ou en voulant le critiquer surtout quand on n'a que la carte (théories). Néanmoins, le tort de l’ouvrage est de généraliser et de rapprocher des familles trop différentes pour croire qu’elles marchent dans le même sens. Je ne me retrouve pas dans cette représentation psychogénéalogique. D’ailleurs, je me suis rendu compte que dans mon ouvrage sur la Sexoanalyse Transgénérationnelle, sur l’arbre « familial », je n’avais pas (re)présenté la psychogénéalogie ni Anne Ancelin-Schützenberger. Oubli étonnant que je découvre aujourd’hui, pour le coup non-conscient ou bien l’effet d’une précaution naturelle parce que justement le transgénérationnel est autre, la psychogénéalogie n’est pas ma famille. La causalité ne m’intéresse pas outre mesure et je préfère comprendre et explorer les dynamiques familiales et encore plus me pencher sur ce qu’en fait le sujet souffrant dans son vécu.

Retrouvez l’article sur le site Généasens : https://www.geneasens.com/dictionnaire/illusions-de-la-psychog%C3%A9n%C3%A9alogie

 
Alexis LebronCommentaire